« Un drame en ballet » des cahiers de Nijinski
A l’ouest de Paris à portée du métro dans la belle petite ville de Boulogne-Billancourt, il y a le Théâtre de l’Ouest parisien, dénommé par l’abréviation TOP. Le bâtiment du théâtre a été construit à la fin du 19ème siècle, dans un style qui évoque de loin les châteaux de la Renaissance. Initialement, on l’utilisait pour toutes sortes de réceptions officielles et d’assemblées publiques, et ce n’est qu’en 1968 qu’on en fit un théâtre qui, en changeant constamment de noms, existe encore actuellement.
Début janvier, ce théâtre affichera un spectacle peu commun, mis en scène d’après les célèbres cahiers de Vaslav Nijinski.
Nijinski, l’illustre danseur russe, l’étoile des « Ballets russes » à Paris, a vécu une vie relativement longue dont exactement la moitié dans différents établissements psychiatriques. Peu de temps avant de commencer ses trente années d’errance dans les cliniques, il a consigné pendant six semaines ses souvenirs et ses impressions des évènements de sa vie. A en juger par le volume final du texte, contenu dans quatre cahiers, Nijinski a accompli ce travail presque sans interruption. Il rêvait lui-même de publier ces cahiers, mais il s’écoulera beaucoup d’années avant que soit publiée la première édition complète de son manuscrit, et beaucoup d’intrigues se seront tissées autour de ce texte.
Итогом всех этих манипуляций стало произведение, не имевшее почти ничего общего с оригиналом.
La première fois, les cahiers de Nijinski ont été publiés dans une traduction anglaise (la langue originale est le russe) en 1936. Le texte a subi des modifications épouvantables : il était quasiment trois fois plus court, on avait changé l’ordre des chapitres et on avait si déformé le sens de beaucoup de phrases que, parfois, elles disaient exactement le contraire du sens original. Cette attitude si barbare envers le texte original n’était pas en dernier lieu lié au désir de la femme de Nijinski, Romola d’éviter quelques remarques peu flatteuses de son mari, y compris celles à son égard. Puis en 1953, parut une publication française des cahiers de Nijinski, un texte traduit de la version anglaise précédente. Plus tard, le monde voit la traduction allemande fausser encore plus le texte original.
Le résultat de toutes ces manipulations est un texte, qui n’a presque plus rien en commun avec l’original. Il faut dire que Nijinski n’était pas écrivain par vocation. Sa langue russe n’était pas totalement parfaite, elle foisonnait de gallicismes et pendant les séjours à l’étranger elle s’est transformée en un éventail de mots désuets, d’emprunts étrangers et de constructions langagières très étranges. Cependant, les textes des traductions « édulcorées » ne transmettent pas toute la singularité du style de l’auteur, et même ressemblent plus à des « variations d’un thème », qu’à des notes à proprement parler d’un grand danseur.
Après la mort de la femme de Nijinski les cahiers avec le texte original se sont revendus de nombreuses fois, mais leurs publications se trouvaient sous l’interdiction constante de la famille. Actuellement, trois des quatre cahiers se trouvent aux Etats-Unis, mais le dernier est arrivé au fond de la Bibliothèque Nationale de France et le texte entier est ouvert d’accès aux chercheurs. Finalement, ce n’est qu’au milieu des années 90’, dans l’édition « Actes Sud » qu’est parue une traduction française complète et exacte, ayant vu le jour grâce à l’entremise du journaliste, éditeur et responsable du fond Nijinski, Christian Dumais-Lvowski.
Son intérêt pour les cahiers Nijinski est né lorsque Rudolf Noureev lui a demandé s’il connaissait le texte. Ayant lu une traduction française, Lvowski s’enflamma du désir de créer une pièce de théâtre sur base des « Cahiers de Nijinski » et soudain il s’est retrouvé dans l’impossibilité de mettre la main sur le texte original du célèbre danseur. Ainsi commença son « investigation » du sort du manuscrit, comme dans un roman policier.
Lvowski raconta de façon précise les péripéties de sa recherche et de la publication de l’original lors d’une rencontre avec le public dans le hall du théâtre TOP. L’adaptation du texte de Nijinski qu’il a créée a été adaptée pour la mise en scène dramatique. Ce que les spectateurs verront début janvier au théâtre de Boulogne-Billancourt n’est pas le premier spectacle basé sur l’œuvre de l’illustre danseur. Immédiatement après la réédition de la traduction française, les « Cahiers de Nijinski » ont été mis en scène dans différents endroits, dont l’Opéra Bastille.
Mais cette fois-ci dans la création du spectacle, participent les metteurs en scène Daniel San Pedro et Brigitte Lefevre, étroitement liés à l’art du ballet. Apparemment, le spectacle sera un mélange de mise en scène théâtrale et de ballet, vu que les acteurs sur scène seront un artiste de « la Comédie Française », Clément Hervieu-Léger, et un danseur de l’opéra de Paris, Jean-Christophe Guerri.
Si vous voulez regarder à quoi ressemblent les écrits autobiographiques de Nijinski dans une mise en scène dramatique et de ballet, ce sera au théâtre TOP, du 8 au 18 janvier.
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