Bill Viola : les symboles sacraux de l’art vidéo
A Paris, dans le Grand Palais, se tient une rétrospective du maître principal de l’art vidéo contemporain, Bill Viola. L’une des réunions les plus épiques de ses travaux de l’ensemble de sa carrière donne une chance unique de passer quelques heures dans les mondes versatiles et captivants des vidéo installations.
Bill Viola est né et a grandi à New-York, où il a également été promu de l’expérimental studio du Collège des Arts Visuels. Comme cela arrive souvent avec les personnes talentueuses et sans attache, après ses études Viola est parti pour de longs voyages exotiques : les îles Salomon, le Japon, l’Australie, l’Indonésie… Cependant, après des recherches méditatives et une immersion dans la philosophie bouddhiste, Viola ne s’est pas éloigné de l’agitation du monde, et devient l’assistant des créateurs de l’art vidéo naissant des années 1970 : Nam June Paik, Bruce Nauman, et Vito Acconci. L’émotion de l’expérience profonde et variée d’esprit a fait de lui non seulement le porte-parole original de ce nouvel art, mais lui a aussi permis de créer sa propre langue, en rien semblable à celle de l’art.
Viola est clair à n’importe quel âge et dans n’importe quel pays, parce qu’il manie les notions de lumières universelles, architecturales, l’obscurité, le mouvement, le vent, le silence, le feu, la mort. De cela est tiré l’un de ses travaux les plus précoces, « The Space between the teeth », en 1976. Dans celui-ci, Viola est assis devant la chambre, puis saute et se met à crier, en ouvrant largement sa bouche. Avec le cri, l’espace revit : la chambre s’éloigne derrière le peintre, en transformant le cri en écho. Si simple et si puissant au niveau de l’emprise sur le spectateur, cet art est devenu la carte de visite de Viola.
Malgré sa jeunesse et la provocation dans son art vidéo, Bill Viola peut être intéressant pour les amateurs d’art classique. Dans sa « vidéo-peinture », il y a non seulement des émotions mystiques et des questions philosophiques orientales, mais aussi une vieille et bonne Renaissance de l’Ouest, des allusions médiévales, et le symbolisme de l’iconographie chrétienne. Par exemple, dans le travail « Raft », Viola invite les spectateurs à vivre une expérience unique, presque divine, en observant les gens pendant le Déluge. Un gigantesque mur d’eau emporte la foule, debout, indifférente. Ensuite, ils commencent lentement à se redresser sur leurs pieds, à se lever. Un sujet simple, et même sans prétentions, se trouve être une lecture spirituelle du sujet central de la Bible : l’impuissance d’une personne face aux éléments (Dieu), de sa naissance à sa mort.
La rétrospective au Grand Palais donne aussi la possibilité de voir plus de vingt des travaux les plus connus de Bill Viola, créés sur quatre décennies, et sur trente écrans. Dans le rôle des commissaires et des scénographes se trouve des personnes très sérieuses telles que Jérôme Neutres (conseiller du président de la Réunion des musées nationaux en France), Kira Perov (directrice principale du Studio Bill Viola, et qui plus est sa femme), Bobby Jablonsky (directeur artistique du Studio Bill Viola), et Gaëlle Seltzer (architecte française).
En dehors des travaux significatifs tels que « Buried Secrets » (1995) pour le pavillon des Etats-Unis à la Biennale de Venise, « Angels for the Millenium » (2000), « Transfigurations » (2008), « Mirages » (2012) ; les Parisiens pourront voir la vidéo installation « Tristan et Iseult », que Viola a créée pour le théâtre Marinsky de Saint-Pétersbourg avec son bon ami Valeri Guerguiev. Ces chanceux qui avaient réussi à voir en temps et lieu cette expérience unique, ce vidéo art qui encadre l’œuvre majestueuse de Wagner, si complexe que l’opéra d’Etat de Vienne a refusé de l’exécuter en son temps, s’en rappellent jusqu’à aujourd’hui. Et si vraiment une ville conservatrice et guindée comme Saint-Pétersbourg applaudit le grand vidéo-peintre, alors cela vaut précisément la peine d’aller le voir.
Jusqu’au 21 juillet 2014
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