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Le Centre Pompidou fête ses 40 ans

Kira Sapguir, traduction de Jasmine Beaune0:11, 30 janvier 2017CulturesImprimer

Mardi 31 janvier 2017, le Centre d’art contemporain Pompidou fêtera ses 40 ans. En cet honneur, près de cinquante expositions se tiendront dans quarante villes françaises tout au long des deux prochaines années. Parmi elles figureront des rétrospectives de Vassily Kandinsky, de Fernand Léger, d’Alexander Calder et d’Henri Matisse.

Comme pour chaque anniversaire, il est d’usage d’offrir des cadeaux.

©pixabay

 

A l’occasion de cette fête, le Centre aura sous sa garde 250 œuvres de 59 artistes soviéto-russes appelés artistes «de gauche» (comme les journaux soviétiques aimaient surnommer, avec une pointe d’hostilité, les artistes non-officiels de Russie). Au total, le musée a enregistré plus de 370 nouvelles unités. À compter de ce jour, les réserves (et peut-être les salles) du Centre Pompidou accueilleront les « Triptyques » de Vladimir Yankilevsky, les œuvres abstraites et méditatives d’Eduard Steinberg, les toiles non-conformistes d’Oscar Rabin et de Vladimir Nemukhine, les installations des pères du mouvement sots-art Komar et Melamid, des escapades ironiques d’artistes conceptualistes etc.

De plus, pour ses 40 ans, le Centre a reçu un cadeau remarquable : la somme de 100 millions d’euros, afin de s’offrir un « lifting » c’est-à-dire le ravalement de sa façade.

Au programme des travaux de grande envergure qui se dérouleront de 2018 à 2020 : la rénovation de la vétuste « Chenille », le célèbre escalator traversant le bâtiment en zigzag. Le coût des travaux est estimé à 20 millions d’euros. Le Centre conservera son apparence. Les tuyaux et gouttières multicolores seront conservés, avant ils remplissaient des fonctions utiles. Aujourd’hui ils sont des éléments de décoration de ce « bâtiment largement controversé situé en plein cœur du quartier historique du Marais », création favorite du dix-neuvième président de la République française, Georges Pompidou (1911—1974).

D’autres réalisations sont associées au nom de Pompidou

Comme la première station de RER, l’aéroport international Charles de Gaulle, (inauguré en mars 1974) mais également le morne gratte-ciel de béton de la gare Montparnasse, surnommée le « pot à crayons de Pompidou ».
Mais dans la mémoire populaire, Georges Pompidou, reste avant tout l’initiateur de la création du Centre d’art contemporain et de culture, construit sur l’emplacement des «entrailles de Paris» où se trouvaient les étranges et gigantesques halles autrefois situées sur le plateau Beaubourg.

« Ici, il y aura un Centre d’art contemporain ! » déclara Pompidou dans les années 50, alors directeur général de la Banque Rothschild. Alors qu’il occupait le poste de Premier ministre, Pompidou présenta son projet à Charles de Gaulle.
Cependant, les audacieuses œuvres futuristes du chef du gouvernement n’étaient pas du goût de l’académicien André Malraux alors ministre de la Culture. L’auteur du « Musée imaginaire » s’opposa au dessein du Premier ministre de s’attaquer au « ventre de Paris »
Son idée, Pompidou l’a conservée jusqu’à ce qu’il devienne président. En 1969, à peine installé au palais de l'Élysée, il a immédiatement commencé à réaliser son projet.

Il a sans tarder lancé un concours international. En deux ans, il a reçu et étudié 681 projets et a élu les gagnants : l'italien Renzo Piano et le britannique Richard Rogers. Ces deux co-auteurs et innovateurs ont développé une idée tellement excentrique que même le concepteur du projet, le président Georges Pompidou, en voyant la maquette s'exclama: « mon Dieu, cela va faire un scandale ».
L’idée ingénieuse et ironique de Piano et Rogers était, pour taquiner le tout-venant, de concevoir un bâtiment, qui est, selon les critiques, «semblable à une machine du temps urbaine ». Afin de voir « le mécanisme de la machine », ils ont décidé de retourner le bâtiment à l’envers, c’est-à-dire d’extérioriser les infrastructures habituellement intérieures. Ainsi sont apparus à l’extérieur des tuyaux verts, des gouttières jaunes et des ascenseurs rouges.

Enfin, le grand jour arriva

Le 31 janvier 1977, le Centre Pompidou ouvrait ses portes. Grâce à un décret spécial, quatre entités ont été créées : une bibliothèque publique d’information (gratuite), un institut de recherche et de coordination acoustique, un espace d’exposition et surtout, un musée national d’art moderne.

Le musée du Centre Pompidou a exposé les « ismes » de tous les peuples de la fin du XIXe jusqu’au XXIe siècle. Il y a été le lieu des représentations de « la deuxième avant-garde soviétique » des années 70, en premier lieu d’I. Kabakov et d’E. Bulatov. Mais jusqu’à encore récemment, les représentants du non-conformisme soviétique au musée se comptaient sur les doigts d’une main. Il faut bien l’avouer, ce n’est pas sur l’avant-gardisme russe que l’on investissait.
Bien que Chagall se soit frayé un chemin jusqu’à Beaubourg, presque tous les travaux avant-gardistes russes arrivèrent au musée sous forme de dons. En 1978, un donateur anonyme a fait don d’une peinture de Malevitch.

En 1984, Nina Kandinsky, peu de temps avant sa mort tragique, a offert à Beaubourg une soixantaine d’œuvres du « père de l’art abstrait ».

Notez qu’avant ce geste noble, Beaubourg a acheté une gouache à Kandinsky.

... Le rêve de Pompidou se réalisait. Mais il n’a pas pu assister à sa concrétisation. Après la mort du président, le centre a bien failli être démoli, ou plutôt « dévissé ». 40 ans en arrière, le bâtiment s’est vu affublé de surnoms sarcastiques. Ses opposants ont qualifié le Centre de « chaufferie à ciel ouvert ». Le journal Le Monde a défini le Centre comme étant « un viol » et « une sorte de King Kong architectural ». Umberto Eco a désigné les bouches de ventilation des façades du Centre comme des « trompettes de l’enfer »...

A l’échauffement des esprits succède généralement l'accalmie. Mais pas dans le cas de Beaubourg. Les opposants du Centre continuent de le surnommer «l’alambic» à cause du « serpent de verre » qui court le long de la façade. Mais pour ses admirateurs, il ressemble à un vaisseau spatial, dont l’équipage tout droit sorti du tube de verre, plonge dans la « la Fontaine Stravinsky » voisine, une création du sculpteur suisse Tinguely et de Niki de Saint-Phalle. Il y a une seule chose que les opposants et les admirateurs n’ont pas remarquée : le bâtiment n’a rien d’une sculpture à surface unilatérale, c’est une véritable sculpture en trois dimensions digne de « Möbius » !

Beaubourg dans la lumière

C’est un lieu unique ! Ici l’individu n’est pas un simple visiteur, c’est un résident, il fait partie du paysage, c’est un objet d’art, vivant, en exposition, un petit rouage de l’immense machine à émotion.
Dans le guide de visite, on peut lire : « La curiosité est le carburant qui donne vie à la machine du temps dont le nom est Beaubourg ». Et du matin au soir, dans ce bâtiment de fiction utopique, se précipitent des myriades de créatures pénétrant « à travers les murs » en haut, en bas, en diagonale ! À travers la façade de verre l’on peut voir les lumières de la place. Ici, du matin au soir, les mimes font leur spectacle, les prophètes prêchent, les chanteurs chantent, les artistes peignent.

Quel est le principal vecteur de Beaubourg?

Le temps. Ce n’est pas par hasard que non-loin se trouve le futuriste « quartier de l’horloge » : un ensemble de constructions voisines où l’on peut admirer sur l’une des façades la curieuse l’horloge à automates « Le Défenseur du temps», une création du sculpteur Jacques Monestier. En son temps le « Défendeur » de bronze, avec son marteau dans les mains, se battait à chaque heure contre l’un des trois monstres symbolisant la « Terre », la « Mer » et « l’Air ». Puis il combattait les trois à la fois. Aujourd’hui, hélas, les montres sont la cause de protestation des habitants pour qui à chaque heure les coups de marteau résonnent jusqu’à leur cerveau... L’horloge aura notre peau !

D’une manière générale, le centre historique de Paris est une myriade de bâtiments semblables à une collection d’œuvres d’art

Chaque siècle apporte son lot de constructions controversées. Même la tour Eiffel était « d’un ennui écrasant » selon Maupassant. Elle n’était pas considérée comme un édifice architectural. L’ingénieur Eiffel a créé ce bâtiment temporaire lors de l’exposition universelle de 1889 dans le but de démontrer l'ingénierie et les progrès techniques de l'époque. Que n’a-t-elle pas entendu cette « ergère des nuages» ! Et voilà qu’aujourd’hui la « bergère des nuages » est devenue la « dame de fer » !

Eh bien, que dire de la Pyramide de verre, littéralement posée au beau milieu du Louvre ? La construction de cette « serre » (surnom donné à la pyramide par la population) d’après le projet de Yie Ming Pei, architecte new-yorkais d'origine chinoise, a été achevée en 1989. La construction est haute de 20,6 mètres, la longueur des côtés et de la base est de 35 mètres. Croyez-le ou non, la pyramide se compose de segments de verre, précisément au nombre de 666 (!). Cette curiosité architecturale n’a pas échappé à Dan Brown. Le maître de l’occultisme a inclus ce fait controversé dans son roman best-seller « Da Vinci Code ». ...
L’une des conceptions urbaines parisienne les plus passionnantes se situe dans la cour du Palais Royal, juste sous les fenêtres du ministère de la Culture. L’on peut y voir trottiner les Colonnes de Buren, des colonnes rayées, de hauteur différente. Ces chefs-d’œuvre de l’art moderne, le blogueur « Iroquois » les a comparées à des pantalons de bagnards ! Mais au final, qu’est-ce que l’art contemporain ? Qu’est-ce que l’avenir de la planète nous réserve ? Ce pourrait-il que nous n’ayons pour l’instant pas encore compris ? Ou bien est-ce tout simplement une sorte de réinvention du passé ? De nos jours il n’existe pas de règles strictes.

Peut-être que la définition de Rémy Mathieu, critique artistique pour la revue française Télérama serait celle qui se rapprocherait le plus de la vérité :
« Nous avons conscience qu’un bouleversement est nécessaire. La mission des artistes modernes est de surprendre, de choquer. Évoluant à travers un processus de création manuelle, l’homme crée ses propres « prothèses » : caméras, ordinateurs, télévisions. Pourquoi l’art contemporain n’aurait-il pas droit à de telles formes de personnification ? C’est vrai. Nous sommes confrontés à tout cela chaque jour. Nous vivons ainsi ».

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5 commentaires

  1. Паша Л. dit :

    Железная пастушка и Железная леди, односторонняя 3-мерная поверхность все неожиданно. Вообще интересный текст...

  2. Nina dit :

    Вы замечательно пишите, Кира. Читала ваши книги. Мне очень нравиться.

    Позволю себе как профессиональному гиду- конферансье со стажем более тридцати лет ( как время бежит) маленькую поправку.

    Пирамида Лувра имеет высоту 21,65 м, состоит из 603 ромбовидных и 70треугольных сегментов. Когда-то популярна была экскурсия " По следам « Кода да Винчи». В ней я специально подчеркивала это, как одного из несоответствий написаного и реального.

    Спасибо за хорошую статью.

    Нина Фриэдель.

  3. Кира - Нине dit :

    большое спасибо за Ваше внимание и поправки. Выстота пирамиды (20,6 м) указана в википедии (увы, все врут календари!). Что касается числа «зверя»на пирамиле , я просто поиронизировала. Ведь тут, неслучайно стоит словцо";спорный" и просьба — «Хотите веоьте, хотите проверьте!» Однако спасибо за уточнение. Число стеклышек на пирамиде Мин-Пея должен знать каждый.

  4. Nina dit :

    Кира, Вы извините меня, что профессиональное взыграло. Вы правы, красоту текста, чтоб легло и в память и на душу, надо строить и преподносить как Вы. Вы мастер слова, Вы очень очень замечательный автор. И я почла за честь познакомиться с Вами поближе.

    Нина

  5. Кира Сапгир dit :

    Нет, это я почту за честь

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