Les Goya, Modigliani et Rothko d'Alicia Koplowitz
Les collections privées sont le privilège des amateurs d’art fortunés. Ils se réunissent généralement entre eux et montre leurs acquisitions à leur entourage proche. Mais ici, il n'est pas question de la sacro-sainte propriété privée.
Heureusement, il existe à Paris de rares réunions privées, legs de différents organismes, qui, merci à eux, enfoncent les portent fermées qui dissimulent
de véritables chefs-d’œuvre.
Le musée Jacquemart-André est l'un de ces rares exemples
Et ce qui est remarquable c’est que le musée ne se contente pas d’exposer la collection personnelle de la famille d'Édouard André et Nélie Jacquemart.
L'hôtel particulier du couple sans enfant, légué dans leur testament à l'Institut de France et qui a été transformé en musée Jacquemart-André organise régulièrement des expositions de collections de particuliers, qu'ils font généralement venir de pays étrangers, parfois lointain.
L'exposition actuelle «De Zurbarán à Rothko» nous vient d'Espagne. Ses propriétaires sont Alicia Koplowitz et le groupe Omega Capital qu'Alicia a créé et qu'elle dirige.
Alicia Koplowitz a l'une des collections les plus réussies de notre époque, dont 53 œuvres sont actuellement présentées à Paris. Mais ce n’est qu’un échantillon de cette collection qui sinon se trouve dans quelques-unes des propriétés d'Alicia Koplowitz, ainsi que dans des entrepôts spécialisés.
Koplowitz collectionne les œuvres d'art depuis trente ans, et ce qui est curieux, c'est que c'est la première exposition publique de sa collection. Même dans son pays qu’est l'Espagne, Alicia ne fait que prêter quelques œuvres à des expositions publiques.
Pourquoi avoir franchi le pas à Paris ? Peut-être parce que la première acquisition d'Alicia s'est déroulé à Paris, dans le célèbre hôtel des ventes de Drouot.
On peut dire que la collection de Koplowitz est éclectique, elle s'efforce d'acquérir des pièces des noms les plus brillants des différentes époques artistiques. Espagnole par la naissance, mais pas par le sang, Alicia, nourrit un amour particulier pour les artistes anciens et contemporains de l’autre côté des Pyrénées.
Une collection espagnole, bien sûr ne peut être présentée sans Goya, Zurbarán et autres représentants du siècle d'or de la peinture espagnole.
Mais voilà un exemple d'un nom qui ne fait pas grand bruit : Juan Pantoja de la Cruz portraitiste de la cour des rois Philippe II et Philippe III. Il a réalisé sur commande le portait de la duchesse de Bragance la veille de son mariage. Cette toile est à présent imprimée sur toutes les affiches parisiennes présentant l'exposition. Elle est, indubitablement, l’emblème émérite de l’événement. La dentelle du costume est si renversante, qu'on ne peut ni la tisser à la main, ni la peindre. La duchesse est jeune et propre sur elle, en un mot, il est incroyablement facile de se souvenir de ce tableau.
Quant aux peintres espagnols récents, on ne peut pas ne pas passer devant les œuvres de Picasso, qui datent de l'époque où le peintre, pauvre, peignait des deux côtés des toiles, et qui, comme le fait remarquer le commissaire de l'exposition Pablo Melendo Beltràn, changeait de style toutes les deux semaines.
Un autre grand nom de l'art contemporain espagnol est présent, Antoni Tapies. L'artiste mort récemment mélangeait dans la peinture du sable, de la poussière de marbre ou encore simplement de la terre, on peut ainsi facilement reconnaître sa main.
On retrouve également exposé sur les murs prestigieux de l’exposition, Miquel Barcelo, qui lui, est toujours en vie. Son style étonne, principalement parce qu'il sculpte et non peint ses compositions sur la toile. Il est difficile de dire ce qui est le plus intriguant, l’œuvre en elle-même ou sa réalisation.
En dehors des artistes espagnols, on peut voir exposer « La Rousse au pendentif » de Modigliani ou encore « Fille au manteau de fourrure » de Lucian Freud.
Les amateurs de récits historiques seront intéressés par le peintre Pietro Antonio Rotari et la rareté de ses tableaux dans des collections occidentales. Des tsarines russes sont à l'origine de cette pénurie (comme le raconte le panneau d’explication).
Élisabeth Ière a invité le peintre à Saint-Pétersbourg, où il se distingua en peignant des portraits de femmes, de demoiselles et de paysannes. Après la mort du peintre, Catherine II acheta 368 des 600 tableaux de son œuvre, et les exposa dans les salles principales de Peterhof.
Exposition «De Zurbarán à Rothko. Collection d'Alicia Koplowitz» jusqu'au 10 juillet 2017.
Musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussann, Paris 75008
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