« Van Gogh/ Artaud. Le suicidé de la société » au musée d’Orsay
Dans le principal musée de l’impressionnisme et du postimpressionnisme parisien, le musée d’Orsay, se tient l’exposition « Van Gogh/ Artaud. Le suicidé de la société ». Malgré sa large popularité, Vincent Van Gogh restera toujours l’un des peintres les plus énigmatiques et les plus durs à comprendre de la fin du XIXème siècle. Isabelle Cahn, commissaire de l’exposition, propose de pénétrer en profondeur dans ses toiles et de les examiner à travers le prisme de la perception d’Antonin Artaud, un autre « créateur fou », auteur du célèbre concept de « théâtre de la cruauté ».
L’idée d’unir ces deux artistes dans le cadre d’une exposition est née en 1947 ; lorsque, quelques jours avant l’ouverture de la rétrospective Van Gogh au musée de l’Orangerie, le galeriste Pierre Loeb a demandé à Artaud d’écrire un texte pour le futur vernissage. Selon Loeb, seul Artaud, ayant passé neuf ans dans un hôpital psychiatrique, pouvait saisir l’anxiété et la peur de la folie, si inhérents au pinceau de Van Gogh. Précisément, l’essai d’Artaud « Van Gogh le suicidé de la société » sert de point de départ cette exposition. On remarque aussi que le célèbre autoportrait de Van Gogh (« Portrait de l’artiste au chevalet » 1888), qui illustre l’affiche actuelle, n’a pas été choisi par hasard : ce tableau figurait précisément sur les affiches de la rétrospective de 1947.

Vincent Van Gogh, Fritillaires couronne impériale dans un vase de cuivre, Paris, vers avril-mai 1887, © Musée d'Orsay, dist. RMN-Grand Palais
L’exposition actuelle est composée d’environ quarante toiles de Van Gogh et ne se limite pas du tout à la collection du musée d’Orsay. Spécialement pour l’exposition, on a amené à Paris des chefs-d’œuvre de différents musées du monde (le Metropolitan Museum, le Tate Modern, le Belvédère etc.) et de collections privées. Il vaut particulièrement la peine de remarquer « Les quatre tournesols coupés » (1887, au musée Kröller-Müller à Otterlo), puisque ces tournesols, selon Artaud, sont la quintessence de l’œuvre de Van Gogh. Qui plus est, on donne aux visiteurs la chance de prendre connaissance des lettres à son frère et de l’art graphique du peintre.
La plupart des œuvres présentées date de la fin des années 1880, qui est la période la plus intense de la vie de Van Gogh. Notamment, le peintre expérimentait alors activement les styles (le postimpressionnisme, l’expressionnisme, le fauvisme) en gardant toujours son écriture unique d’auteur. Les œuvres peintes à Arles (où Van Gogh comptait créer un atelier de peinture du Sud), à Saint-Rémi de Provence (l’hôpital pour les fous) et à Auvers-sur-Oise (le dernier gîte du peintre) constituent la base de l’exposition. Presque chaque tableau est accompagné d’une chronique biographique et de l’extrait correspondant dans le texte d’Artaud. Le poète français appelle Van Gogh « le convulsionnaire tranquille », capable « de voir beaucoup plus loin que la réalité immédiate » et remarque « la précision unique de ses touches ». Ainsi, on ne peut même pas appeler cette exposition une rétrospective à valeur requise de Van Gogh, mais pour sûr, elle donne les clefs pour comprendre son œuvre, elle permet de pénétrer à l’intérieur de son univers violent, d’examiner son véritable portrait, si impitoyablement retouché et supprimé par la société qui l’entoure.
Dans le contexte de ce projet au musée d’Orsay, on réserve à Antonin Artaud un rôle plutôt secondaire. Il ressort comme le médiateur entre le public et Van Gogh. Cependant, avec cela l’exposition éclaire son œuvre dans une certaine limite. Par exemple, ses dessins y sont présentés, mais aussi les fragments des films dans lesquels Artaud à participer en qualité d’acteur. Qui plus est, chaque jeudi, l’exposition est accompagnée d’une lecture du texte d’Artaud, ce qui permet de ressentir encore plus l’unité des pensées des deux auteurs, et de s’approcher de la solution de leur folie.
Musée d’Orsay Jusqu’au 6 juillet 2014 5, quai Anatole France 75007 Paris Entrée : 11€/8,50€Laisser un commentaire
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